Commençons par un simple rappel des faits : fin Juin, le MEDEF annonce le programme de son université d’été. Une opération dont globalement la majorité des français se moquent éperdument. Mais voilà, patatras, l’Express révèle que parmi les tables rondes prévues en figure une intitulée : « La grande peur des mal pensants, pourquoi les populistes sont populaires » et que pour cette table, ils ont décidé de faire appel à Marion Maréchal, la sémillante égérie d’une certaine droite.
Il n’en fallait pas plus pour déclencher le tir de barrage de la bien-pensance qui en quelques jours réussit alors à faire reculer le MEDEF qui déprogramme la table ronde en question dans une superbe démonstration de marche arrière artistique.
Sur les réseaux sociaux, tout le monde se déchaînait afin de gagner des points de grand résistant à la vague fasciste. La petite fille du fondateur du Front National avait donc droit aux qualificatifs en boucle de raciste et de fasciste. Et j’avoue que j’étais pour le moins perplexe. J’avais un peu épluché les déclarations de la demoiselle. Et si on y trouve les marqueurs d’une droite catholique dure, j’avais du mal à voir sur quoi se basaient les accusations en racisme et fascisme. N’étant pas l’archiviste des déclarations de Marion Maréchal, j’ai simplement posé la question sur un mur de « gauche » pour savoir sur quels faits ou déclarations ils basaient leurs invectives. Et là, j’avais ouvert la boite de pandore.
Pour faire simple, en marge d’une discussion intéressante où l’on a passé en revue quelques uns de ses discours, la discussion se résumait à « elle est fasciste parce que je sais qu’elle est fasciste ». En gros, soit on a des gens qui savent lire les pensées des autres gens, soit l’émotion a pris le contrôle et l’analyse est parti en vacances.
Pour être clair sur le sujet, personnellement je ne sais pas si elle aspire à l’application du fascisme en France et ses différentes prises de position ne l’indiquent pas. Elle peut bien entendu le penser et le vouloir en dissimulant ses intentions jusqu’à ce qu’elle arrive au pouvoir. Mais en l’état je, et vous, ne le savez pas, nous ne pouvons que faire des conjectures. Conjectures qui sont suffisantes pour se prononcer dans l’isoloir non ?
Mais pour revenir à l’affaire, tout cela me chagrine à plusieurs niveau. Le premier est qu’il s’agit d’une université, et que pour moi dans ce cadre on peut exprimer tout opinion encadré par la loi pour éviter les débordements des adeptes de Faurisson. Et là on se retrouve à restreindre certains points de vues parce que le « politiquement correct » estime qu’ils ne doivent pas pouvoir s’exprimer. Mon opinion est que cela est stupide. Le Rassemblement National fait actuellement plus de 30% des votes. Il ne disparaîtra pas en interdisant ses membres ou sympathisants de table ronde. Par contre là dans le dispositif elle allait se retrouver face à Bernard Tapie et Monique Canto-Sperber. Des gens qu’on peut difficilement accuser de vouloir lui servir la soupe.
Comprendre son adversaire, connaître son fonctionnement, si vous avez lu Sun Tzu, c’est la base pour remporter un affrontement. Or actuellement on utilise toujours cette espèce de stratégie en mousse de se dire que en ne parlant pas de ces gens là, ils disparaitront. Nous avons depuis longtemps dépasser le point où cette stratégie pouvait sembler pertinente.
Au delà de cette simple affaire, je pense qu’il s’agit d’une bonne démonstration du mal de notre époque où pour beaucoup « démocratie » signifie « les gens votent comme moi et ont les mêmes opinions ». Au final cela présente un simple mépris pour le peuple, jugé trop faible pour résister aux discours populistes. Ils vont même jusqu’à critiquer les élections dans d’autres pays quand le résultat ne leur convient pas. Pourquoi ? Parce que eux, ils savent ce qui est bon pour les gens. Ils savent ce que l’on doit faire et ils savent que les gens sont faibles et qu’ils doivent être guidé par un leader fort.
Ainsi on va interdire la parole d’Alain Finkielkraut lorsqu’il doit faire une intervention à Sciences Po parce que c’est un mal pensant.
Au final, il ne restera donc plus qu’à placer des lois liberticides pour réguler la parole même la plus anodine qui se dresserait contre cette ordre souhaité. Quand c’est un dictateur qui fait ça, c’est mal, mais quand c’est « notre gouvernement » c’est salutaire. Pas besoin de creuser très loin, les dernières manœuvres sur la proposition de loi contre la haine en ligne vont tout à fait dans ce sens.
Malheureusement la réponse est » l’émotion a pris le contrôle et l’analyse est parti en vacances. »
vacances (toujours pluriel ;). On ne peut pas oublier ça ! Stéphane prend des vacances !